Quand j’étais jeune, c’était une insulte de dire à quelqu’un, en France : « Tu es raciste ! » Notre monde semblait avoir évolué. Aux Etats-Unis, le racisme contre les noirs semblait désormais dépassé. Je ne suis pas compétent pour dire ce qui se passait dans d’autres régions du monde, mais mon éducation est passée par ces valeurs d’acceptation de l’autre en commençant par la couleur de sa peau.Mais voilà qu’aujourd’hui, on dirait que le racisme est en train de devenir une idée courante, banale, dans l’indifférence presque générale. Parce que ce qui compte n’est plus la tolérance ou l’acceptation de l’autre, mais sa propre sécurité ou liberté. Et je crois que tout cela est dû à la peur. Mon papa avait peur de l’invasion des communistes, mais les communistes ne sont pas liés à une race. Tandis que maintenant on a peur de l’invasion des pauvres et des réfugiés sur notre vieux continent et les pauvres et les réfugiés sont souvent des noirs ou des jaunes. Alors, on essaye de se défendre, on élève des barrières et l’on oublie toutes les valeurs qu’on avait commencé à construire.
Où va l’humanité dans tout cela ? Vers de nouvelles barrières ou frontières ? Vers de nouvelles haines ou discriminations ? C’est possible. Mais le problème, c’est que notre monde a changé, il y a eu ces dernières décennies un brassage tellement considérable de peuples et de races dans notre monde occidental que l’on ne pourra plus jamais revenir en arrière. Une grande partie des gens de nationalité française ne peuvent plus se considérer comme descendants des gaulois, c’est sûr, et pourtant ils sont fiers de leur nationalité française et la France toute entière est bien fière de ces nouveaux arrivants lorsqu’ils nous font gagner la Coupe du monde de football.
On doit bien se rendre à l’évidence : le monde d’autrefois ne reviendra plus jamais, que cela nous semble positif ou négatif, car nous sommes tous devenus interdépendants. Aucun pays ne peut plus faire sa propre cuisine dans son coin sans tenir compte des autres. Et les relations qu’on refuse de tisser avec ses voisins en toute liberté aujourd’hui, on finira par les accepter de force dans quelques temps.
Il y a dans la nature ce fameux phénomène des vases communicants dont on ne pourra jamais arrêter le processus. Alors que faire ? Regarder la réalité en face. Et la réalité est que nous sommes tous frères et sœurs en humanité. Et toute cette propagande qui veut nous faire croire que l’autre est menaçant parce qu’il est différent de nous par sa peau ou son origine, n’est qu’un mensonge pour nous empêcher de connaitre et de résoudre les vrais problèmes. Ne tombons pas dans ce piège tellement stupide et dangereux à la fois, si nous ne voulons pas arriver un jour à des guerres généralisées sur toute notre planète. Car, désormais, une guerre entre n’importe lesquelles des nations de notre monde sera une guerre fratricide, une guerre civile qui ne laissera que de nouvelles haines et de nouvelles blessures que l’on ferait mieux d’éviter avant qu’il ne soit trop tard !
Roland Poupon