Nouvelle page d’histoire, en terre d’Islam
« Je suis heureux de cette occasion que m’offre le Seigneur pour écrire, sur votre chère terre, une nouvelle page de l’histoire des relations entre religions », avait dit le Saint- Père au prince Mohammad ben Zâyed ben Sultan Al Nahyâne, homme fort des Émirats Arabes, à la veille de sa visite à Abou-Dhabi (3-5 février 2019). Et il en fut ainsi.
Les médias nationaux et internationaux ont mis toutes leurs technologies au service de cet évènement qui peut être qualifié comme des plus importants de l’histoire des religions.
Un des moments les plus marquants fut la rencontre entre le Saint-Père et le cheikh Ahmad Mohammad Al-Tayeb, Grand Imam de la mosquée al-Azhar, chef religieux suprême des musulmans sunnites, une rencontre non seulement fraternelle, mais aussi
« constructive » – et c’est peu dire- qui a culminé avec la signature conjointe d’un document, un véritable pacte de fraternité humaine, « pour la paix mondiale et la coexistence commune ». Ce moment restera icône de la possibilité concrète de la fraternité.
En ces temps où la religion est exploitée pour détruire et tuer l’autre « différent », un tel pacte, signé en terre d’Islam, vient réajuster la boussole, et faire de la fraternité une « catégorie » fondamentale pour vivre sa propre foi, reconnaître et apprécier celle des autres et travailler pour la paix dans le monde.
En fait, les deux protagonistes se rencontraient pour la cinquième fois, mais désormais ils sont engagés, devant le monde, à travailler pour un même but : porter leurs fidèles à la reconnaissance que tous les hommes et les femmes sont frères et sœurs. Ils ont même exprimé leur désir que ce document soit utilisé dans les écoles…
Culture de la rencontre et stratégie du dialogue
Lors de la cérémonie de signature, le Saint-Père, dans son discours, a recours au logo de sa visite aux Émirats : la colombe et le rameau d’olivier, rappelant l’épisode du Déluge présent dans différentes traditions religieuses : « Dieu avait demandé à Noé de préserver l’humanité en entrant dans l’Arche. Aujourd’hui nous sommes appelés à entrer dans l’arche de la fraternité ». Et de préciser que la fraternité exprime aussi la diversité, les différences qui existent entre frères. Il faut donc « avoir le courage de l’altérité », d’où la nécessaire reconnaissance de l’autre et de sa liberté, notamment religieuse. C’est une vraie stratégie du dialogue qui mène à la paix. Mais d’autres éléments sont nécessaires : l’éducation et la justice. L’éducation se fait dans la relation et à la fameuse consigne « connais-toi toi-même ». Il faut, dit la Saint-Père, « ajouter : connais ton frère ». La justice, elle, est la « seconde aile de la paix » : on ne peut pas croire en Dieu et ne pas chercher à vivre la justice pour tous ».
Ici intervient la règle d’or : « tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le vous aussi pour eux, c’est la loi et les prophètes ».
Une goutte dans l’océan ?
Certains pourraient dire : « tout cela n’est qu’une goutte dans l’océan de violence, de refus de l’autre, etc. » Peut-être, mais, qui ne se dissout pas, ne disparaît pas, et garde toute sa valeur pour des générations et des générations. C’est un souffle d’espérance, vertu qui fait de plus en plus défaut dans notre monde qui se veut objectif et qui braque ses lumières et ses caméras sur les réalités désespérantes pour les porter partout, de partout. Comment ne pas se sentir interpellé quand on a choisi de vivre pour l’unité entre tous, avec les personnes d’autres religions, en l’occurrence dans notre Moyen-Orient meurtri et où la religion est de plus en plus instrumentalisée, pour le malheur des humains, au lieu d’être source de tolérance, d’ouverture et d’accueil réciproques, de don de soi, de circulation des biens, d’amour réciproque et donc d’unité…
Attelons-nous donc à vivre la culture de la rencontre, notamment avec ceux avec qui nous partageons notre pays, pour avancer ensemble sur le chemin de la paix. Faisons grandir et fructifier la graine de la fraternité plantée aux Émirats Arabes, comme nous encourage à le faire le Saint-Père, pour l’amour de Dieu, et de l’humanité qui aspire à cette fraternité, chemin de paix.
 Hayat Fallah
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