Marie Madeleine
Il est écrit dans les Evangiles : « Elle pleure ! » Je me demande si quelqu’un ou quelqu’une dans toute l’histoire de l’humanité a pleuré comme elle

Jésus l’a sauvée au départ du péché. Elle lui est toute gratitude, toute confiance. Elle a expérimenté Jésus, elle le suit au Crucifix, en toute innocence, confiance et abandon. Elle va la première au tombeau, éplorée, et pour s’informer : Elle l’exprime angoissée : Où est-Il ? Et Jésus lui apparaît ! La première ! Elle pleure ! Ses larmes expriment tout le tragique, l’amour, la foi la plus intime et la plus exaltante de toute existence humaine.
Face au cri le plus tragique d’une existence humaine : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! », cri qui montre que Jésus a vécu pleinement la condition humaine, et au moment ultime, c’est Marie Madeleine qui est là pour pleurer, de compassion, d’amour, d’une humanité repentie et convertie à l’amour de Jésus abandonné dans son humanité par le Père, mais accueilli par une humanité renouvelée, celle de Marie Madeleine.
Quand Jésus crie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ! », il montre qu’il meurt, pleinement humain, jusqu’au bout pour nous, et non pour le Père ! Marie Madeleine est là, le plus bel exemple de l’humanité divinisée par Jésus, qui a enfin compris le message évangélique, l’incarnation, le supplice du péché, la rédemption, la résurrection.
On s’attend normalement de la mère de Jésus qu’elle soit là, présente. C’est normal, naturel, pour une mère, surtout celle qui a vécu le plus grand mystère. On s’attend normalement que tel ou tel disciple soit là, pour une raison encore humainement naturelle et à laquelle nous sommes accoutumées. Mais Marie Madeleine représente l’humanité pècheresse et de tout le monde.
Elle pleure ! C’est elle qui vient au secours de Jésus abandonné !
Si on ne comprend pas ainsi Marie Madeleine, on ne comprend pas en profondeur le message de Jésus, l’incarnation, la résurrection, et tout le pourquoi de l’extraordinaire aventure de Jésus, dont le message et la souffrance sont pour l’Humanité, et non pour le Père. Telle est d’ailleurs la pleine volonté du Père, non pas sauver son Fils, mais sauver l’Humanité et chacun de nous.
Sauver Marie Madeleine qui pleure ! Ce sont des larmes d’une autre nature que des larmes terrestres et humaines. Ce sont les larmes divines de l’humanité convertie à l’Amour absolu.

Antoine Messarra

Ancien membre du Conseil constitutionnel, 2009-2019

Professeur

Titulaire de la Chaire Unesco d’étude comparée des religions

de la médiation et du dialogue – Université Saint-Joseph

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