Les fleurs de l’autre
Je viens de voir cette phrase tirée d’un site qui voudrait aider les gens à trouver le bonheur : « Ne laisse entrer dans le jardin de ta vie que ceux qui ont des fleurs à planter. »
A première vue, on pourrait y voir un peu de sagesse. Il faut bien être prudent dans ses relations, pour ne pas s’attirer trop d’ennuis…
Pas de problème à chercher des relations qui soient belles, qui nous épanouissent, qui nous aident à trouver chaque jour de nouvelles « fleurs ». C’est beau de partager des fleurs. Mais ne tombons pas de nouveau dans le piège de la société de consommation qui fait de nous de beaux clients de supermarché qui voient autour d’eux seulement des produits à acheter et d’autres à laisser de côté ou à jeter…
L’autre n’est pas un produit que j’acquiers pour en tirer profit ou bonheur. L’autre est mon frère ou ma sœur qui se trouve sur ma route pour que je sois un don pour lui et qu’il ou elle soit un don pour moi. Mais d’abord je suis responsable de ce don que je peux être pour lui. Avant de penser aux fleurs que l’autre pourrait planter chez moi, ce serait mieux de me préoccuper des fleurs que je pourrais planter chez lui. Alors tout change. La magie des belles relations part de ce changement tout simple de mentalité.
On gagne toujours à planter des fleurs, même chez ceux qui ne sont pas capables d’en planter chez nous pour le moment. Je ne peux pas oublier les moments de ma jeunesse où j’étais triste parce que je n’avais pas d’amis et je ne savais pas planter de fleurs chez les autres.
Et c’est le courage d’un camarade qui ne s’est pas découragé à la première apparence et qui a commencé à planter des fleurs chez moi, qui a soudain tout débloqué en moi. Il m’a fait comprendre pour la première fois que j’étais un trésor moi aussi, comme tout le monde et que j’avais tellement à donner, si seulement je me jetais à l’eau. Et combien rencontrons-nous de personnes qui semblent sèches ou flétries simplement parce qu’elles n’ont pas eu la chance de trouver quelqu’un pour arroser leurs fleurs cachées ou leur donner de la lumière.
Alors, sortons de cette civilisation des jugements extérieurs, des préjugés et des condamnations gratuites qui servent seulement à nous replier sur nous-mêmes. Nous ne saurons jamais à l’avance qui est vraiment capable de planter des fleurs chez nous ou chez les autres tant que nous n’aurons pas donné une chance à chaque personne de se donner à son tour, même s’il n’a pas l’air d’en être capable au départ. Soyons un peu plus ouverts, beaucoup plus ouverts… et nous aurons de belles surprises !

Roland Poupon

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