Le mystère est en toi
Quelle est la volonté de Dieu dans ma vie ? Telle est la question que se posent des millions de chrétiens dans le monde aujourd’hui. Pourtant la volonté de Dieu dans notre vie n’est pas obscure, car Dieu a souhaité que nous la connaissions, mais comment ?
Depuis que le verbe s’est fait chair, depuis que Dieu s’est fait matière, toute chair, toute matière, expriment un aspect du mystère de Dieu.
Entrer dans cette perspective, c’est découvrir la présence de Dieu au cœur du monde – présence mystérieuse, cachée, vivante, agissante, nous entourant de partout. Pour saisir cette présence, il faut être capable d’opérer une plongée au cœur du réel. L’arbre ne jaillit vers le haut que s’il plonge ses racines très profondes vers le bas.
Si les choses nous ouvrent à une transcendance, ce n’est pas en nous projetant vers une réalité extérieure à elles, mais en nous invitant à pénétrer en elles, à entrer dans leur intimité, à découvrir ‘le secret‘ de leur existence.
La poésie, par exemple, elle aussi, peut nous aider à entrer en état de prière. Des géants comme Rimbaud, Baudelaire, Victor Hugo, et tant d’autres, sont parvenus à exprimer le monde de façon si vraie, si bouleversante, qu’ils peuvent nous ouvrir un chemin vers le dedans des choses.
Le spirituel n’est pas l’autre pôle du charnel, il est son complément, son compagnon. Prenons l’expression biblique ‘Dieu mon rocher’. Elle peut être comprise par un simple geste, celui de saisir un gros caillou, le caresser, le palper, le soupeser pour réaliser combien il est lisse, beau, lourd, solide et consistant. À travers cette matière solide, dense forte, dure, résistante, on fait la découverte de ce que peut signifier ‘Dieu mon rocher’.
En effet, la Vérité existe en nous-même et pas en dehors de nous. Il nous faut un peu d’effort pour aller dans nos profondeurs et la chercher, toujours dans un rapport intime avec Dieu. Quand on parle de rapport intime avec Dieu, on parle de Lumière qui éclaire et ouvre nos yeux vers cette réalité : on parle plutôt de révélation.
La révélation permet à l’homme de “choisir “ ce qu’il est déjà. Elle découvre à l’homme sur le plan du logos ce qu’il est déjà sur le plan de l’être. Elle lui donne la possibilité d’assumer librement et consciemment sa nature profonde. La révélation est le passage de l’implicite à l’explicite, de l’inconscient au conscient. Elle ne crée rien, n’ajoute rien, elle ne fait que manifester “révéler “, “dévoiler“, ce qui jusqu’alors était caché, couvert et voilé. Et voilà la Volonté de Dieu comme sens parfait de la vie de l’homme.
L’adhésion de foi n’est rien d’autre pour l’homme que la ratification de son être essentiel. Par cette adhésion libre et consciente à ce qu’il a de plus profond, il affirme sa dignité et accède à sa pleine stature. C’est en ce sens que la foi sauve et libère. La foi est liée à la “grâce“, qui n’est autre que la vie divine en nous. Cette vie n’est pas un simple courant biologique qui nous traverserait à notre insu. Cette vie s’appelle Amour et implique une réponse de notre part. C’est une vie personnelle et personnalisée, qui suppose de notre part acceptation ou refus.
La grâce nous est proposée, non imposée. Étant d’ordre personnel, elle est essentiellement liée à la qualité de nos rapports avec Dieu, à leur profondeur, à leur intensité. Elle est échange, et dans cet échange elle grandit et s’épanouit.
Pour conclure je vous invite à contempler une fleur : voyez elle ne parle pas. Sa seule présence est un langage. Si je lui prête attention, son existence deviendra pour moi langage et message. Comprendre, c’est parvenir à rejoindre l’âme des choses à force de les contempler.
Chaque réalité livre et cache un secret. Elle le livre tout en le gardant. Elle le livre sans pour autant s’en dépouiller. C’est ce qui fait que, dans toute découverte, on peut aller au-delà, toujours au-delà, sans jamais parvenir au bout. Car en fait il n’y a pas de bout.
Joseph Yaacoub
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