Janine : Un cœur de MÈRE
« Elle a réjoui le cœur de Dieu toute sa vie durant.
Elle est maintenant dans la plénitude de la joie avec Lui »

Janine Safa 10 août 1930 -24 mai 2021

« Pour parler de Janine, il faudrait plusieurs volumes » disait Mgr Elie Khoury. Oui, plusieurs tomes pourraient être édités quand on pense au nombre de témoignages de ces milliers de personnes que Janine a rencontrées et qui ne l’ont pas oubliée, sans parler des œuvres qu’elle a réalisées etc. Une vie de don et de générosité « à mettre sur le chandelier pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison » Matthieu, 5 :14,15. «Être la lumière, éclairer la maison, c’est œuvrer en suivant la fraternité afin de montrer la voie à suivre» disait Saint Jean Chrysostome. Tout ce rayonnement n’a qu’un but : rendre gloire à Dieu.
Nous essayerons avec nos mots fragiles de vous présenter, brièvement, quelques flashs de sa vie qu’elle a complètement dédiée aux frères. « Janine et l’IRAP » sera une première station, nous ferons écho, ensuite, à sa rencontre avec le mouvement des Focolari; à Biacout durant la guerre, sans oublier son engagement à la paroisse de Mar Elias à Ain Aar. Et nous chercherons, pour conclure, la réponse à la question : qu’est ce qui a fait tant courir Janine ?

 

Janine et l’IRAP

Janine et Souad ont ensemble misé sur cette fraternité. Elles se sont engagées au service des plus démunis en fondant l’IRAP, institut spécialisé au service des malentendants, de leur épanouissement et leur intégration dans la société. Elles ont voulu que cet institut soit une maison ouverte et animée par l’esprit de famille, la solidarité, le dévouement, l’amour du travail et celui des autres. Mais une maison dont le but ultime est « la construction du Royaume de Dieu » affirmait Janine à une bénévole. Construire, c’est prévoir, planifier et réaliser beaucoup de projets, mais comment faire ? « Il faut croire à ce que l’on fait et le faire dans l’enthousiasme. Mes slogans : croire, foncer, s’enthousiasmer… », Répondait-elle à Gisèle Eid, dans son livre, Kibarouna 1. Mais encore, elle rajoute ailleurs : « Jésus Eucharistie est et sera toujours notre force et notre gardien il est présent dans la petite chapelle ». Marie, est celle à qui Janine et Souad ont confié, depuis leur voyage à Lourdes, sa direction avec leur abandon et leur foi en la « Providence qui se lèvera tous les matins sur nous avant le lever du jour ». Un guide : Le Seigneur, Marie, avec leur amour débordant et la générosité des amis bienfaiteurs, « qui sont la force de l’IRAP ». C’est ainsi que l’IRAP a grandi depuis.

***

Janine et l’œuvre de Marie

Janine rencontre durant les années 1970 les responsables du Mouvement des Focolari et depuis l’IRAP devient « le berceau de l’œuvre de Marie au Liban » comme aimait le dire Aletta, une des premières compagnes de Chiara. Janine avec son cœur de mère spirituelle a marqué l’esprit et le cœur d’un grand groupe de femmes à cette nouvelle vie chrétienne axée sur la spiritualité de l’Unité et de la fraternité universelle. Lors de son départ, nombreuses sont celles qui lui ont rendu un vibrant hommage de gratitude « pour son amour héroïque, généreux et magnanime » et « pour son amour qui console et guérit, qui conjugue avec d’autres bras et multiplie ainsi les œuvres de miséricorde ».

***

Durant la guerre : Biacout
Janine accourt avec Thérèse à Biacout, et d’autres amis pour secourir et aimer en ayant dans le cœur « Et si c’était mon frère ». Avec tout son amour Janine se bat et coopère avec toutes les instances pour rétablir la vie paisible, réhabiliter les maisons avec les canalisations d’eau, l’électricité, la création d’un centre social où les femmes apprennent les travaux manuels, la couture, une garderie pour leur permettre de garder leurs enfants pour pouvoir travailler, un club pour les jeunes, des études du soir pour accompagner les élèves…Georges un de ses habitants en témoigne « …lors de ton arrivée, notre ville avait subi un massacre. Tu t’es dépêchée pour semer l’amour et la fraternité. Tu as rendu notre quartier comme un modèle de développement. Tu nous as rassemblés et aidés. Nous, chrétiens et musulmans, te promettons de continuer ta mission ».

***

Le projet : Soutien à Distance

Beaucoup d’enfants orphelins et de familles dans le désarroi et le besoin sont la conséquence d’une guerre qui ne se terminait pas. Face à cette situation douloureuse Janine écrit à Chiara Lubich, et lui propose le projet suivant « parrainer financièrement des enfants tout en les gardant chez la tante, la grand-mère ou l’oncle en cas du décès de leurs parents plutôt que de les voir se déraciner et partir à l’étranger. Cet appel a été agréé par Chiara Lubich qui a demandé, aux Familles Nouvelles du mouvement des Focolari, de collaborer et de soutenir le dit projet.

***

Janine et la paroisse
Vivre et se nourrir de l’Amour du Seigneur la porteront à la paroisse. Mgr Antoine Bou Najem, ancien curé de la paroisse, Saint Elie à Ain Aar, témoigne : « Dans ma vie de prêtre, Janine aura été, à la fois conseillère, éducatrice, modèle d’humilité et de service ». Elle avait adopté aussi, Kawzah, un village chrétien du Sud Liban, et a réussi avec un groupe de paroissiens à leur porter aide et soutien en « bravant les distances, la fatigue, le calendrier de travail surchargé »

***

La foi de Janine
Et si on cherchait la motivation de Janine à travers tous ses engagements ? « Ce qui me motive, c’est la foi. La foi. J’ai perdu mon père très jeune. Et je demandais toujours : mais où est mon père ? À la maison, on me répondait : papa est au ciel … Le ciel était la maison de mon père. Je vivais un peu avec lui. ( …) J’ai une grande foi en Dieu le père, proche de moi »1
Et on peut répéter avec le psalmiste : « Heureux les hommes dont Tu es la force, des chemins s’ouvrent dans leur cœur ; quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source. Ils vont de marches en marches, vers Dieu, à Sion. » (Ps 83, 6, 7,8).

1 Kibarouna, Dialogues avec nos aînés, par Gisèle Kayata Eid, Beyrouth : Editions Tamyras, 2012, pp. 137-147

Charlotte Farhat

 

 

Spread the love