Chercher, trouver, expérimenter Dieu
Lors de sa rencontre avec le mouvement des Focolari à Loppiano, le pape François s’est adressé ainsi à la communauté : « Le charisme de l’unité est un stimulant providentiel et une aide puissante pour vivre cette mystique évangélique du “nous”, c’est-à dire pour marcher ensemble dans l’histoire des hommes et des femmes de notre temps avec “un seul cœur et une seule âme ” (cf. Ac 4,32), en se découvrant et en s’aimant concrètement comme les “membres les uns des autres” (Rm 12,5).
Sentir Dieu dans la relation avec les autres
Si le premier millénaire de l’histoire de la spiritualité chrétienne a été marqué par la spiritualité monacale, et si le second a vu l’émergence de tant de spiritualités fondées sur l’amour de Jésus pour le prochain, le troisième millénaire s’est ouvert sur cette invitation de Jean-Paul II à promouvoir partout dans l’Église une spiritualité de communion : « Faire de l’Église la maison et l’école de la communion : tel est le grand défi qui se présente à nous dans le millénaire qui commence, si nous voulons être fidèles au dessein de Dieu et répondre aussi aux attentes profondes du monde.
[…] Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés.
[…] Une spiritualité de la communion consiste avant tout en un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés.
Une spiritualité de la communion, cela veut dire la capacité d’être attentif, dans l’unité profonde du Corps mystique, à son frère dans la foi, le considérant donc comme “l’un des nôtres”, pour savoir partager ses joies et ses souffrances, pour deviner ses désirs et répondre à ses besoins, pour lui offrir une amitié vraie et profonde » (NMI, 43).
La « mystique évangélique du nous » dont parle le pape François appartient à ce courant de la « spiritualité de communion ». Mais quelle est sa nouveauté par rapport aux précédentes ? Le père Jesùs Castellano l’a bien exprimé dans une lettre adressée à Chiara Lubich à propos de la spiritualité de l’unité. Il écrit : « Dans l’histoire de la spiritualité chrétienne, on affirme : “Le Christ est en moi, il vit en moi”, et c’est la façon de voir la vie en Christ dans la spiritualité individuelle. On dit aussi : “Le Christ est présent dans les frères”, en présentant alors la perspective de la charité, des œuvres de charité. Mais il manque en général la découverte décisive que, si le Christ est en moi et en l’autre, alors le Christ qui est en moi aime le Christ qui est dans l’autre et réciproquement […], de sorte qu’il y a à la fois donner et recevoir » ¹.
Sur ce chemin de communion, nous marchons ensemble et atteignons les sommets de l’union à Dieu « en cordée », unis les uns aux autres comme les membres d’un même corps. C’est pour cette raison que nous veillons avant tout à établir des relations avec nos frères et sœurs sur la base d’une charité mutuelle et continue. Nous sommes appelés à donner le plus possible la priorité à cet amour mutuel, selon l’avertissement de Saint Pierre : « Ayez avant tout un amour constant les uns pour les autres » (1P 4,8).
La « mystique évangélique du nous » dont parle le pape François appartient à ce courant de la « spiritualité de communion ». Mais quelle est sa nouveauté par rapport aux précédentes ? Le père Jesùs Castellano l’a bien exprimé dans une lettre adressée à Chiara Lubich à propos de la spiritualité de l’unité. Il écrit : « Dans l’histoire de la spiritualité chrétienne, on affirme : “Le Christ est en moi, il vit en moi”, et c’est la façon de voir la vie en Christ dans la spiritualité individuelle. On dit aussi : “Le Christ est présent dans les frères”, en présentant alors la perspective de la charité, des œuvres de charité. Mais il manque en général la découverte décisive que, si le Christ est en moi et en l’autre, alors le Christ qui est en moi aime le Christ qui est dans l’autre et réciproquement […], de sorte qu’il y a à la fois donner et recevoir » ¹.
Sur ce chemin de communion, nous marchons ensemble et atteignons les sommets de l’union à Dieu « en cordée », unis les uns aux autres comme les membres d’un même corps. C’est pour cette raison que nous veillons avant tout à établir des relations avec nos frères et sœurs sur la base d’une charité mutuelle et continue. Nous sommes appelés à donner le plus possible la priorité à cet amour mutuel, selon l’avertissement de Saint Pierre : « Ayez avant tout un amour constant les uns pour les autres » (1P 4,8).
En conséquence, comme on aime Dieu en soi-même, en se recueillant en lui, au fond de son propre « château intérieur » pour reprendre l’image de sainte Thérèse d’Avila, on aime donc Dieu aussi dans nos frères et sœurs lorsque nous sommes en leur compagnie. On édifie ainsi, par la beauté des relations entre tous, un « château extérieur » dans lequel Dieu peut régner ².
C’est la merveilleuse et bouleversante expérience que l’Église redécouvre de plus en plus aujourd’hui : la présence particulière de Dieu là où la réciprocité est vécue, le commandement nouveau de Jésus, une manière d’être en relation les uns avec les autres qui trouve son modèle dans la vie trinitaire : présence tangible de Dieu dans les relations interpersonnelles, Dieu au milieu de ceux qui sont unis par l’amour et dans l’amour (cf. Mt 18,20). Sous cet éclairage, nous pouvons comprendre la portée de l’invitation du Pape à suivre les chemins d’une « mystique évangélique du nous ».
Michel Vandeleen
Docteur en théologie spirituelle à l'institut"Teresanum"-Rome Diplômé en psychologie et en théologie dogmatique