Si la source de toute existence est l’Amour, ce n’est qu’avec l’amour qu’on peut comprendre Dieu et la création ainsi que les événements qui touchent notre vie et l’histoire elle-même. N’est-ce pas l’amour le fil d’or qui lie et explique même ce qui semble le contredire ?
Jean Chrysostome, commentant le passage de la Lettre aux Romains de Paul, « nous savons… que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu », explique : « Quand il dit « tout », il entend aussi tout ce qui, apparemment, semble seulement négatif. Quel que soit l’événement qui survient, en effet , qu’il s’agisse de souffrance, de pauvreté, de la prison, de la faim, de la mort ou de toute autre chose, Dieu peut changer tout cela en son contraire (…). Paul ne dit pas, par conséquent : « à ceux qui aiment Dieu il n’arrivera rien de mauvais », mais bien plutôt : « tout concourt au bien ». C’est-à-dire que Dieu se sert des maux pour exalter ceux qui sont exposés aux périls. C’est beaucoup plus que d’empêcher ou de permettre de façon passive que surviennent les adversités (…). Une seule chose, donc, est nécessaire : aimer ; le reste vient de soi. »
De même que l’amour de Dieu est pure générosité par rapport aux créatures, ainsi celui qui se laisse brûler par cet amour est capable d’aimer tout homme et toute créature. « Dieu par nature (…) aime d’un amour égal tous les hommes, œuvre de ses mains : il glorifie le juste qui est intimement uni à lui dans sa volonté et, dans sa bonté, il a pitié du pécheur qu’il cherche à faire changer de route. Ainsi l’homme dont la volonté adhère au bien et qui est libre des passions aime tous les hommes d’un amour égal : les justes à cause de leur nature et de leur bonne volonté ; les pécheurs à cause de leur nature, car il a pour eux l’amour de compassion qu’on a pour un fou qui marche dans la nuit. L’amour parfait n’admet, parmi les hommes qui ont tous la même nature, aucune distinction qui se fonde sur la différence des caractères. L’amour ne voit rien d’autre que cette unique nature et se tourne avec une force égale vers tous les hommes, vers les bons comme des amis ; vers les méchants parce que, du fait qu’ils sont ennemis, il veut leur faire du bien, les supporter, (…) refusant obstinément de voir en eux la méchanceté, jusqu’à souffrir pour eux quand l’occasion s’en présente et s’en faire ainsi des amis… C’est ainsi que Jésus a montré son amour : en souffrant pour toute l’humanité et en donnant gratuitement à tous la possibilité de ressusciter… »
Si Dieu est amour, disent les Pères en conclusion, l’homme s’aime vraiment lui-même et il est lui-même s’il aime de tout son être Dieu et tous les hommes qui sont l’œuvre de l’Amour, l’œuvre de Dieu.
Sylvano Cola