Dépasser nos hontes pour toujours
Gouttes d’Evangile
« Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, lorsqu’il a daigné mettre fin à ce qui faisait ma honte aux yeux des hommes. » (Lc 1,25)
Nous commençons à nous pencher sur ces « perles de la Parole » du chapitre 1 de l’Evangile de Luc avec cette petite phrase d’Elisabeth, tellement surprise et heureuse d’attendre finalement un enfant inespéré à l’âge de sa vieillesse.
Ce n’est certainement pas une des phrases les plus importantes du chapitre, comme celles de l’Annonciation, de la Visitation ou du Magnificat, et pourtant elle m’a beaucoup touché, je crois qu’elle apporte un immense message d’espoir à chacun d’entre nous.
Et le mot sur lequel j’ai eu envie de me concentrer cette fois-ci est le mot « honte », un si petit mot dont on parle rarement et qui gâche souvent notre vie de chaque jour. La honte est un sentiment qui paralyse, qui empêche de sortir de soi, d’entrer en relation avec nos prochains. La honte nous pousse à nous enfermer dans un coin où personne ne va se rendre compte de ce que nous vivons et, si nous n’en sortons pas, nous avons une vie bien malheureuse devant nous.
Et pourquoi cette honte ? Nous avons peut-être fait des bêtises que nous aimerions cacher pour toujours à tout le monde. Mais le plus souvent nous avons simplement honte de nous-mêmes, de nos défauts, de nos faiblesses, de nos différences. Nous passons beaucoup de temps à nous comparer aux autres et nous avons l’impression d’être les plus malchanceux du monde. Et ce qui nous bloque le plus c’est l’impression que nous sommes les seuls à avoir ces problèmes que nous ressentons et nous préférons rester isolés dans notre pauvre moi, plutôt que de donner aux autres l’occasion de découvrir nos pauvres secrets, car ils pourraient se moquer de nous et tout le monde ensuite nous montrerait du doigt pour toujours. Je sais bien que tout cela est un peu une caricature, mais chacun de nous a vécu des moments de honte dans sa vie.
Alors que faire ? D’abord toujours considérer que la honte est une sorte de maladie dont il faut guérir, mais une maladie normale. Personne n’a honte d’avoir attrapé une grippe. Et puis se rendre compte que tout le monde à ses petites ou grandes hontes. Alors casser ce tabou, ce cercle vicieux qui nous tient prisonniers. Commencer nous-mêmes à rire de nos hontes et avoir le courage d’en parler à quelques amis. La réaction est souvent extraordinaire, car notre courage devient contagieux et ces amis nous avouent à leur tour qu’ils ont eux aussi leurs propres hontes.
Et que vient faire tout cela avec notre Evangile ? Simplement nous rendre compte encore une fois que Jésus est venu sur terre pour nous libérer de tous ces problèmes. Un Evangile qui ne libère pas de nos complexes, de nos tabous et de nos hontes est un faux Evangile. Et l’on découvre de plus en plus aujourd’hui que ce sont des hommes d’Eglise, par un désir inconscient de prendre le pouvoir sur les gens, qui ont abusé de leur conscience, qui ont fait de l’Evangile une morale pour complexer les gens au lieu de les libérer. Et l’on comprend pourquoi tellement d’églises se sont vidées dans tant de pays.
Alors, si nous avons honte, remettons notre honte entre les mains de Dieu, dans notre prière et notre méditation, mais aussi de Dieu dans le prochain. Car la communion d’expériences positives et négatives est ce qui crée entre nous une réalité de famille unie, où Dieu est particulièrement présent et continue à nous libérer pour qu’à notre tour nous libérions le monde avec lui autour de nous…

Roland Poupon

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