Choisir…
Qui n’a pas expérimenté une séance de shopping pénible avec une amie ou une sœur incapable de se décider pour un vêtement, et qui après de multiples essayages n’achète finalement rien ?
Qui n’a pas entendu la phrase « mais je n’avais pas le choix ! » ou encore « je n’ai pas de chance, j’ai fait le mauvais choix » ?
Il n’est certes pas toujours facile de choisir, et pourtant, nous faisons des choix, petits ou grands, à chaque instant de notre vie. Choisir, c’est avancer, vivre, c’est aussi prendre un risque, car les conséquences peuvent parfois être difficiles à assumer.
Alors comment choisir ? Comment éduquer au choix ? Sur quoi se baser ?
Tous les philosophes, depuis Aristote, se sont penchés sur la question, se demandant dans quelle mesure nous sommes libres de nos choix ou non. Pour les chrétiens, depuis Saint Augustin et son traité « De Liberio Arbitrio » jusqu’à Erasme et les humanistes du XVI ème siècle, mais aussi pour Maïmonide (penseur juif espagnol du XII ème siècle ) et dans l’Islam, la volonté libre est un don de Dieu qui fonde notre dignité d’homme mais engendre de fait notre responsabilité morale face aux conséquences de nos choix, nous renvoyant ainsi à la notion de bien et de mal et à l’utilisation de notre raison.
Ceci nous amène donc à penser qu’éduquer, c’est aussi apprendre à nos enfants à faire des choix, afin de leur apporter une formation morale solide. Comment cela peut-il se faire ?Nous vivons dans une société « utilitariste », où nous sommes conditionnés par l’objectif de rentabilité, souvent à la base de nos choix. Quelques exemples : le choix des cursus scolaire. En général, à partir de la classe de quatrième, on élimine ou diminue des programmes les disciplines artistiques et de sciences humaines pour se consacrer « aux matières scientifiques rentables »….quand bien même fort peu d’élèves opteront pour des carrières de scientifiques ! Il devient ainsi difficile de choisir en se basant sur d’autres critères : par gratuité, par amour, par désir, par conviction ?
L’éducation détermine donc à la fois la capacité à faire des choix (en formant l’intelligence qui permettra de se déterminer librement entre plusieurs « possibles »), mais aussi notre capacité à les assumer. Eduquer, c’est donc peu à peu aider l’enfant à se décider selon des valeurs et des critères qui lui sont transmis par la famille, qui donne l’exemple.
Pour une famille chrétienne, il est évident que ces valeurs sont celles de l’amour, de la charité et de la miséricorde, loin des valeurs matérielles prônées par nos sociétés modernes. Nous faisons donc parfois des choix à contrecourant….Par exemple, cette jeune femme performante qui renonce de fait à une brillante carrière et choisit de privilégier les relations humaines et un environnement sain pour sa famille, quitte à vivre plus modestement. Ou ce jeune père de famille qui abandonne ses rêves de compétition sportive afin d’être réellement présent auprès de ses enfants et de leur offrir une famille unie et aimante.
Assumer les conséquences de ses choix est aussi un problème qui appartient au domaine éducatif : qui de nous, parents, n’a jamais dit à son fils ou sa fille : « tu as choisi, assume les conséquences » ? Sans
penser que certes, il faudra atteindre ce but, mais que l’éduqué est encore « en formation » et qu’il mérite un peu de miséricorde pour ses erreurs.
Quant aux adultes, assumer les conséquences peut parfois prendre un tour dramatique : un mauvais choix de carrière peut rendre malheureux, influer sur la santé (dépression, agressivité, amertume….) Ne parlons même pas de mauvais choix matrimoniaux qui peuvent amener à vivre un enfer familial….Même le choix d’une résidence peut s’avérer difficile : certaines personnes n’aiment pas leur maison et peuvent y être très malheureux !
Nous devons aussi choisir Dieu (ou pas !) Il nous a laissé libres de répondre à son appel….et si nous, parents, nous n’éduquons pas nos enfants dans l’amour vécu de la Parole, nous ne leur permettons pas de se construire pour faire ce choix : comment choisir ce que l’on ne connait pas ? A nous d’accepter aussi que le choix fait par nos enfants ne corresponde pas à notre souhait : faisons confiance aux valeurs que nous avons transmises !
Alors comment faire « les bons choix » ?
Les blogs regorgent de conseils en « coaching » en développement personnel : il y a ceux qui vous demandent de faire deux colonnes « avantages » et « inconvénients »,ceux qui vous conseillent de vous décider « au feeling »…….Mais faire un choix reste toujours difficile, que l’enjeu soit grand ou petit. En fait, il n’existe pas de choix idéal. Nous faisons des choix basés sur des valeurs qui ne sont pas quantifiables et mesurables, bien que notre esprit moderne n’aime pas le reconnaître. La réponse à la question: « est-ce bien ? moins bien ? équivalent ? » dépend donc finalement de ce que nous sommes en tant qu’être humain. Quand nous choisissons, nous le faisons en fonction de ce que nous sommes : je choisis d’être assistante sociale et pas médecin, bien que j’en sois capable, parce que j’ai de l’empathie et que j’aime aider les autres sans rechercher un statut social élevé et des revenus confortables. Je choisis selon mes propres raisons, qui ne sont pas celles de mon voisin ou de mes parents, et qui viennent de mon passé propre autant que de ma personnalité.
Chiara disait : « l’éducation, c’est l’itinéraire que parcourt l’éduqué avec l’aide de l’éducateur dans la perspective de parvenir à réaliser ce qu’il devrait devenir…. » (Discours de Washington, novembre 2000)
On peut considérer que le choix de suivre Jésus nous permettra de nous réaliser en tant qu’enfant de Dieu : c’est le choix fondamental qui déterminera ensuite tous les choix du quotidien.
Ainsi donc, je détermine par mes choix la personne que je deviens : je me construis à travers les choix successifs de mon existence.
Certes, tout le monde n’y parvient pas :il y a des personnes, et nous en connaissons tous, qui se « laissent porter » par les circonstances : ce sont ceux qui ne créent pas leurs propres normes de choix, et qui se laissent « embarquer », agissant selon des normes qui leur sont imposées et non assimilées, ou choisissant l’option « la moins risquée », quitte à être déçu.Certains chrétiens « passifs » en font partie, qui se laisse « porter » par les rites et les traditions sans adhérer en profondeur à la Bonne Nouvelle.
Que conclure alors de cette petite réflexion autour du choix ?
Choisir, c’est vivre : choisissons donc en fonction de ce que nous voulons être, devenons la personne que nous choisissons de construire….pour nous, chrétiens, c’est tout simplement choisir la volonté de Dieu sur nous (de façon active et non passive), et de vivre
ensuite tous nos choix du quotidien en sachant qu’il n’y aura jamais de « mauvais choix » dans ces conditions et que nous pouvons toujours compter sur la miséricorde divine.
Eduquons nos enfants afin que, se basant sur les valeurs que nous transmettons, ils fassent à leur tour les choix qui leur permettront d’être des hommes « debout », engagés pour le bien commun.

                                                                                                                                                                 Véronique Karam

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